Épinard 🌳 #25 - Vent nouveau sur le transport maritime ?

Hello les Épinards,

On se retrouve pour une nouvelle édition qui sent bon l’iode 🌊, puisqu’on va parler du transport maritime. 🛳

C’est parfois assez peu perceptible dans le quotidien, mais nous vivons au rythme des échanges commerciaux internationaux. Et ces échanges reposent sur un maillon clé de la mondialisation : les bateaux.

Aujourd'hui, ils sont sous le feu des "projecteurs climat", car le secteur du transport maritime est un gros consommateur d'énergies fossiles et qu'il va devoir évoluer fortement dans les années à venir.

Mais bonne nouvelle ! On connaît déjà une solution bas carbone, on l’a éprouvée pendant presque cinq millénaires, j’ai nommé 👇:

Deux mots avant de vous en dire plus :

Épinard va marquer une pause estivale pour les 3 premières semaines d'août. Vous aurez le droit à un ultime coup de 💚 dimanche prochain avant de se retrouver le 27 août pour la prochaine édition gratuite.

On va en profiter pour dessiner le futur d’Épinard et voir quels thèmes on va aborder à la rentrée.
👉 On compte sur vous pour nous donner votre avis en répondant à ce sondage entre deux cocktails d'été :

Et maintenant, place à l'édition du jour !

Hisséo, ⛵
Gaël pour la Team Épinard 🌳

Découvre cette édition au format audio

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🚢 Le transport maritime, maillon clé de la mondialisation.

Aujourd’hui, le transport maritime est le mode de transport le plus important pour la circulation des marchandises.

Depuis les années 90, les chaînes de productions se sont dispersées aux quatre coins du monde à la recherche de main-d’œuvre ou de matière première à bas coûts, allongeant fortement les distances entre producteurs et consommateurs.

Il sert principalement pour les échanges intercontinentaux et plus rarement sur des courtes distances, on parle alors de cabotage.

5 millénaires de domination du bateau à voile

3500 avant JC, c’est la date estimée de l’invention de la voile.

Pendant près de 5000 ans donc, la navigation à voile a été pratiquée et a joué un rôle important dans le développement de nos civilisations.

Jusqu’aux années 1880, les clippers, ces voiliers rapides et élancés faisaient encore partie intégrante du commerce maritime international.

C’est l’arrivée des machines à vapeur mais surtout de progrès comme le moteur à hélice, et l’ouverture du canal de Suez à la fin du XIXe siècle qui achevèrent le déclin du transport vélique.

On a donc connu un monde au transport maritime 100% bas carbone pendant plus de 4800 ans et à peine 150 ans de transport maritime carboné.

Une explosion des échanges plutôt récente

Bon, il ne faut pas être naïf non plus. Les quantités échangées n’ont rien à voir entre maintenant le début du XXe siècle.

Pour l’année 2019, on parle de 11 milliards de tonnes de marchandises qui ont traversé les océans. 5 fois plus qu’en 1970.

Et selon les prévisions actuelles, ce volume devrait encore croître de 35 à 40% d’ici 2050, favorisé par l’augmentation de la population mondiale.

Et oui, le transport maritime a un avantage hors pair : son coût extrêmement faible. Qui s'explique par la taille croissante des navires et par leur carburant : un résidu pétrolier à bas coût et exonéré de taxe, le fioul lourd.

[Sponsor] Décarboner le transport maritime avec LITA, mais pas que…

Je suis super fier que LITA, la solution d’investissement durable et accessible à tous, sponsorise à nouveau la newsletter de cette semaine.

Et ça tombe bien, parce qu’ils s’y connaissent bien en transport maritime.

Grâce aux investisseurs sur la plateforme, c’est la construction de 3 voiliers-cargos qui a pu être lancée pour les entreprises TOWT et Windcoop.

Plutôt concret comme résultat non ?

D’ailleurs, restez attentifs d’autres campagnes sur ce thème pourraient sortir prochainement.👀

En attendant, vous pouvez toujours investir dans la décarbonation de la mobilité urbaine avec les scooters électriques de ZeWay ou encore dans le rétrofit de véhicules utilitaires avec TOLV (un coup de 💚 Epinard à retrouver ici).

Et vous pouvez même aller un cran plus loin sur LITA. Comment ? En aidant des entreprises conventionnelles à faire leur transition, car si l’on veut atteindre nos objectifs climatiques, elles aussi doivent réduire leurs émissions.

Pour cela, il existe l’offre d’investissement “Transformation” sur la plateforme.

Concrètement, l’entreprise émet des obligations vertes avec prime d’impact pour financer les différentes étapes : de la réalisation du bilan carbone à la mise en œuvre du plan d’action pour réduire l’impact de l’entreprise.

Bonus : Si l’entreprise n’atteint pas ses objectifs, elle doit vous verser une prime d’impact. C’est donc un mécanisme incitatif pour l’entreprise en la contraignant à payer un taux d'intérêt plus élevé en cas de non atteinte des engagements.

Donc soit elle arrive à décarboner son activité, soit vous obtenez plus d’argent pour financer la transition.

Convaincu.e ?
Une campagne est en cours avec Vestia une entreprise de l’immobilier.

Pour rappel, l'investissement participatif présente un risque de perte en capital et les rendements ne sont pas garantis.

🌍Transport maritime & climat

Reprenons, 11 milliards de tonnes de marchandises...

Vous vous en doutez, avec des chiffres comme ça, l’impact sur le climat n’est pas du tout négligeable.
Est-il pour autant possible de revenir vers un transport maritime utilisant la force du vent ? Regardons ça en détail.

3% des émissions mondiales

Il faut le rappeler, le transport maritime est le mode de transport le moins émetteur de gaz à effet de serre par unité transportée.

Une raison pour ne rien faire ?

Non, car sa facture climatique n’a de cesse d’augmenter en raison de l’intensification des échanges comme vu juste au-dessus.

Et cette facture, elle est déjà bien salée. 🌊

Et ça, c’est uniquement pour le CO2, je vous passe les autres pollutions en tout genre, l’impact sur l’environnement des infrastructures portuaires, ou encore l’impact sur la biodiversité marine.

Du coup, l’Organisation Maritime Internationale (OMI), et ses 175 pays membres, ont pris plusieurs engagements :

1. Réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40% par tonne par kilomètre d’ici 2030
2. Réduire d’au moins 50% le volume global des émissions d’ici à 2050

Si ces engagements vont dans le bon sens, l’ambition devait être revue et améliorée, cette année, pour viser le zéro émission en 2050.

D’après un article du Monde, les discussions ont abouti à un accord contrasté, non-aligné avec les 1,5°C de l’Accord de Paris.

Le défi reste donc immense : c’est 300 millions de tonnes annuelles de carburant fossile qui doivent être remplacées par des sources d’énergie bas carbone.

4 pistes pour réduire les émissions du secteur

1 - Relocaliser les chaînes de productions

Relocaliser, c’est réduire les chaînes logistiques et donc réduire les émissions liées au transport.

C’est, peut-être, la piste la plus utopique tellement les défis sont importants.

Mais nous avons tous pu le constater pendant et après l’épidémie de COVID : nos chaînes d’approvisionnement sont dépendantes de ce qui se produit ailleurs sur la planète. Il y a donc d’autres intérêts en jeu que le climat : gouvernance, indépendance stratégique etc.

À court terme, je miserais plutôt sur la solution suivante.

2 - Slow Steaming ou un anglicisme pour aller moins vite

Cette technique déjà éprouvée à de multiples reprises pendant les différents chocs pétroliers ou encore pendant la crise de 2008 est très simple : on réduit la vitesse des bateaux.

On réduit de 15% la vitesse pour réduire la consommation de fioul de 30 à 55%.

Un accord des principaux armateurs ou des pays de l’OMI suffirait pour réduire mondialement la vitesse des navires et ipso facto les émissions.

Dans le jargon business on appelle ça un quick win !

3 - Carburant de synthèse ou biocarburants

Pour remplacer le fioul lourd, la piste des carburants de synthèse est évidemment explorée.
Hydrogène, ammoniacs produits avec de l’électricité décarbonée ou encore biocarburants à partir de biomasse.

Mais ces solutions sont loin d’être la martingale que l’on peut espérer.

Tout d’abord, ces technologies sont relativement peu matures et demanderont le déploiement de nouvelles infrastructures importantes (raffineries, stockage etc).
Leur utilisation à bord d’un navire impose de nouvelles contraintes en termes de stockages et de sécurité, ce qui limitera de facto le retrofit des bateaux actuels.

Dernier point en leur défaveur : le coût. Selon le rapport de l’ADEME, les nouveaux carburants coûteraient 2 à 8 fois plus cher que le fioul lourd. Quand on sait que le carburant représente déjà 35% des charges d’un armateur, ils pourront difficilement absorber cette hausse.

Leur utilisation ne pourra donc être possible qu’en cas de forte réduction du besoin en carburant.
Ce qui laisse de la place à la solution historique 🤩👇

4 - Le grand retour de la voile

Un rapport très bien fourni de l’ADEME de 2022, fait l'éloge de ce mode de propulsion.

Déjà, il faut comprendre qu’il existe de nombreuses techniques et innovations récentes sur le type et la forme des voiles - ce qui permet de rétrofiter (de convertir) de nombreux navires déjà existant.

Et cerise sur le gâteau, le vent est gratuit. La voile offre donc des gains économiques de 5 à 20% sur des navires existants et jusqu’à 80% pour des navires utilisant principalement la propulsion vélique.

Selon l’ADEME, l’énergie du vent propulse un navire de taille moyenne avec suffisamment de puissance pour constituer son moteur principal sur des routes adaptées, comme les transatlantiques. Selon les tailles et types de navires, elle peut être une source de puissance complémentaire permettant d’abord une stabilité du coût du transport pour la partie assurée grâce à l’énergie du vent.

Et ce n’est pas un rêve lointain, une quinzaine de grands navires de charges testent déjà la propulsion vélique (comme le E-ship 1 ci-dessous) et d’autres devraient les rejoindre prochainement.

💶Alors faut-il investir dans la voile ?

Si la voile ne sera pas la meilleure solution pour toutes les voies de navigation actuelle, elle pourra être utiliser pour une bonne part des 100 000 navires actuels.

La commission européenne estimait en 2017, qu’il y aurait entre 3700 et 10 000 navires équipés de voiles d’ici à 2030. Pour rappel, il en existe à peine quelques dizaines aujourd’hui. De son côté le gouvernement britannique tablait sur 35 à 40 000 navires d’ici 2050.

C’est ce que l’on appelle de belles perspectives.

D’autant plus que les pressions augmentent sur les navires à fioul lourd que ce soit du côté réglementaire, du côté financier avec l’augmentation du prix du baril ou encore de la demande avec des entreprises de plus en plus regardantes des enjeux RSE.

Et cocorico, la France a une belle carte à jouer en la matière.

Nous possédons des fleurons industriels autant sur la partie navale (Naval Group, Chantiers de l’atlantique) qu'offshore ou encore aéronautique .

D’ailleurs, ce n’est pas un hasard, si sur la trentaine de développeurs de technologie de voiles dans le monde, neuf sont en France.

Il ne reste plus qu’a convaincre les armateurs de passer le pas pour valider les performances attendues en mer. Et certains s’y attèlent déjà.

💰 Comment investir dans le secteur ?

3 grands projets de cargos à voile ont déjà été financé en 2022 et début 2023, avec à chaque fois une part de financement participatif.
Il est donc possible d’investir directement dans les entreprises ou de financer la construction des navires.

D'ailleurs vu les succès des collectes, je ne serai pas surpris d’en voir d’autres arriver prochainement sur les plateformes. Je vous tiendrai au courant 😉

Voici les entreprises à surveiller :

• TOWT : Une entreprise pionnière du transport vélique depuis déjà 10 ans avec de vieux gréements ; elle a lancé la construction de 2 cargos pour une première mise à l’eau en 2023.
• Windcoop : Cette coopérative a lancé la construction d’un cargo pour faire transiter des produits entre Madagascar et la France à partir de 2025.
• Neoline : Elle se penche sur la ligne transatlantique Saint-Nazaire-Baltimore pour livrer du matériel qui ne rentre pas dans des conteneurs standards. La construction de son premier navire a commencé en 2023.
• Airseas & Beyond the sea qui proposent toutes les deux des technologies assez proches du kite pour des cargos

Une autre approche pour soutenir le développement de cette nouvelle filière : Acheter les produits des entreprises françaises qui y contribuent. Voici quelques exemples :

• Grain de Sail, la société morlaisienne (oui c’est en Bretagne 😎) ramène à la voile du chocolat et du café - et leurs produits sont très bons, c’est testé et approuvé.
• Arcadie, qui propose des épices sous les marques Cook et l’Herbier de France est un partenaire majeur de Windcoop (voir ci-dessous)
• Cherchez également les produits labéllisés ANEMOS garantissant un transport à la voile par TOWT.

Et si tu n’as pas encore prévu tes vacances, sache que Sailcoop propose tout l’été des aller-retours à la voile entre la Corse et Saint Raphaël. ☀⛱

C'est la fin de ce tour de la voile sauce Épinard 🌳!
N'oublie pas de répondre au sondage sur le futur d'Epinard juste ici :

Partage-nous également ton retour sur cette édition juste en dessous 👇

On se retrouve la semaine prochaine pour un dernier coup de 💚 avant la pause.

PS : Toutes les éditions précédentes sont dispos ici. Elles sont rangées par grand thème pour que tu puisses t'y retrouver facilement.

👋
Gaël & Jean-Marc 🌳