Épinard 🌳#31 - Le futur de l'immobilier est dans le bois

12 nov. 23

Hello 🌳,

Nos forĂȘts ont un triple rĂŽle Ă  jouer dans la transition : capter le carbone, le stocker sous forme de bois transformĂ© et directement remplacer les matĂ©riaux ou sources d’énergie carbonĂ©es.

Aujourd’hui, je vous propose d’analyser le rĂŽle du bois dans le secteur du bĂątiment, et comment ce matĂ©riau peut aider Ă  rĂ©duire l’empreinte du 2Ăšme secteur le plus Ă©missif en France.

Regardons ensemble

🌍 L’intĂ©rĂȘt environnemental de la construction bois
💰 Pourquoi investir dans le bois pour le bñtiment
💾 Comment investir dans ce secteur ?

Mais avant de rentrer dans le vif du sujet, pour ceux qui seraient sur Paris lundi 20 novembre, je vous invite Ă  une soirĂ©e dĂ©bat organisĂ©e par l’association FAIR qui porte le label Finansol.

J’y animerai les Ă©changes avec plusieurs personnalitĂ©s de la finance responsable et solidaire.
Objectif : rĂ©pondre aux questions qui fĂąchent ! Ça va ĂȘtre top !
Pour s’inscrire, c’est par ici

On y va ?
Gaël

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📰
Le résumé :
Le bois en tant que matériau de construction peut considérablement réduire l'empreinte carbone des secteurs de la construction et de la rénovation, avec le potentiel de transformer les bùtiments en unités de stockage de carbone.

Bien que le bois offre de nombreux avantages environnementaux, la gestion durable des forĂȘts est essentielle pour Ă©quilibrer leur rĂŽle de puits de carbone avec leur utilisation dans la construction.

La volonté de la France de réduire les émissions dans le secteur du bùtiment grùce à de nouvelles réglementations et normes stimule la croissance des matériaux de construction à faible émission de carbone et d'origine locale, le bois étant un point central.

La transition vers des pratiques de construction durables, en particulier l'utilisation du bois, ouvre diverses voies d'investissement, de l'achat de forĂȘts au financement de startups dans la construction verte, en passant par la participation Ă  des fonds thĂ©matiques ou ETFs.

đŸŒČ Le futur de l’immobilier est dans le bois

Vous le savez, le secteur du bĂątiment, c’est 23% des Ă©missions de gaz Ă  effet de serre en France, 2Ăšme secteur le plus polluant aprĂšs les transports.

Les deux postes les plus Ă©missifs dans le cycle de vie d’un bĂątiment, l’utilisation (coucou le chauffage) et la construction (coucou le bĂ©ton) pourraient voir leurs Ă©missions baisser par l’utilisation d’un mĂȘme matĂ©riau : le bois.

Que ce soit pour des maisons individuelles ou pour la construction d’immeubles entiers (si, si), le bois fait son grand retour sur les chantiers.

Regardons ensemble ses avantages et ses perspectives de développement.


[Sponsor] Énergie PartagĂ©e : Financer des projets d’énergie citoyens & locaux

Merci Ă  Énergie PartagĂ©e qui sponsorise cette newsletter !

Énergie PartagĂ©e c’est un mouvement citoyen et solidaire français, labellisĂ© ESUS et Finansol, qui finance et accompagne des projets d'Ă©nergie renouvelable (solaire, Ă©olien, hydroĂ©lectricitĂ©, bois-Ă©nergie, mĂ©thanisation, 
). Leur spĂ©cificitĂ© ? Ces projets sont maĂźtrisĂ©s par des collectifs citoyens et des collectivitĂ©s, au bĂ©nĂ©fice de leur territoire.

Depuis 2010, grĂące aux investissements de plus de 7300 citoyens actionnaires, prĂšs de 120 projets ont Ă©tĂ© financĂ©s Ă  hauteur de 33 millions d’euros.

Énergie PartagĂ©e vous permet d’investir dans des projets d’énergie renouvelable avec un risque maĂźtrisĂ©, puisque rĂ©parti sur l’ensemble des projets, et de promouvoir une transition Ă©nergĂ©tique citoyenne et locale. Énergie PartagĂ©e vise une rentabilitĂ© raisonnable ; l’action a pris de la valeur chaque annĂ©e depuis 2017 (+4,9 % en 2022).

Chaque projet menĂ© permet aux citoyens de reprendre le contrĂŽle sur les moyens de production de leur propre Ă©nergie mais aussi d’interroger leurs habitudes et de rĂ©duire concrĂštement leur propre consommation d’énergie.

Envie de participer Ă  ce mouvement ?

Si vous souhaitez rencontrer les Ă©quipes, ils organisent une table ronde suivie d’un cocktail convivial, ce jeudi 16 novembre Ă  18h30 Ă  l’AcadĂ©mie du Climat Ă  Paris, sur le thĂšme : “Mon Ă©pargne : bombe climatique ou levier d’action ?"


🌍 Construction bois & Environnement

Que ce soit sous forme de bois brut (poutre, charpente) ou dĂ©rivĂ© (lamellĂ© croisĂ©, panneau type OSB), le bois est capable de se substituer aux matĂ©riaux les plus Ă©missifs et d’amĂ©liorer les qualitĂ©s Ă©nergĂ©tiques d’un bĂątiment.

Les Ă©tudes que j’ai pu lire confirment ce qu’on pouvait penser Ă  premiĂšre vue : le bois est un excellent matĂ©riau pour baisser l’empreinte carbone du secteur de la construction et de la rĂ©novation.

Et voici pourquoi :

  • Ça pousse “tout seul”
  • Ça stocke le carbone
  • C’est intĂ©ressant d’un point de vue technique

Le bois pousse “tout seul”. Ça paraĂźt bĂȘte dit comme ça, mais l’énergie dĂ©pensĂ©e par l’homme pour obtenir du bois de construction est trĂšs faible (comme pour le pĂ©trole d’ailleurs). ComparĂ© Ă  d’autres matĂ©riaux, on obtient Ă  masse Ă©quivalente des empreintes carbone qui varient du simple au trentuple.

Mais ce n’est pas tout.

Le bois stocke le carbone

Tant qu’il ne pourrit ou ne brĂ»le pas, le bois continue de stocker du carbone pendant toute sa durĂ©e de vie. Nos bĂątiments pourraient donc devenir, pour partie, des stocks de carbone.

C’est ce que montre la mini-analyse de “cycle de vie” suivante :

💡
Un mĂštre cube de bois stocke naturellement 700kg de CO2eq.
Pour ĂȘtre utilisĂ© en construction, il est gĂ©nĂ©ralement transformĂ© en lamellĂ© contre-croisĂ© (CLT : Cross Laminated Timber), cette transformation et le transport associĂ© Ă©mettent environ 240kg CO2eq par mĂštre cube de bois.
Un mĂštre cube de bois transformĂ© a donc une empreinte nĂ©gative d’environ 460kg de CO2eq par mĂštre cube utilisĂ©.

En comparaison, produire un mÚtre cube de béton émet environ 400kg de CO2eq.

Remplacer le bĂ©ton par du bois permet donc de diminuer drastiquement l’empreinte liĂ©e Ă  la construction d’un bĂątiment.

Attention toutefois, cette “analyse” ne permet pas de conclure qu’en construisant Ă  tour de bras des bĂątiments en bois, on va dĂ©carboner la planĂšte. Le stockage et les Ă©missions n’ayant pas lieu au mĂȘme moment, il y a un intĂ©rĂȘt, si et seulement si, les forĂȘts sont gĂ©rĂ©es durablement en parallĂšle.

Des propriétés techniques intéressantes

Le bois (principalement sous forme de fibres) a des propriĂ©tĂ©s thermiques intĂ©ressantes permettant dĂšs Ă  prĂ©sent de s’adapter aux changements climatiques. En effet, l’hiver le bois est un excellent isolant et sa faible inertie permet de faire des Ă©conomies sur le chauffage. En Ă©tĂ©, mĂȘme s’il garde moins la fraĂźcheur, il permet d’évacuer plus rapidement la chaleur lors des pĂ©riodes caniculaires.

Il prĂ©sente Ă©galement des bonnes qualitĂ©s mĂ©caniques, surtout si l’on prend en compte sa masse largement infĂ©rieure Ă  celle de l’acier ou du bĂ©ton.

Quelles sont les limites à l’utilisation du bois ?

La premiĂšre et la plus Ă©vidente : un arbre abattu pour servir dans la construction, c’est un arbre de moins qui continue Ă  capter du CO2 maintenant. MĂȘme s’il est nĂ©cessaire de rĂ©aliser des coupes pour maximiser le dĂ©veloppement d’une forĂȘt, si l’on veut maintenir leur capacitĂ© de puits de carbone, il faut absolument les gĂ©rer de la maniĂšre la plus durable possible.

La seconde : construire avec du bois et des matĂ©riaux biosourcĂ©s n’est pas une garantie d’un bĂątiment Ă©cologique. C’est bien la performance globale du bĂątiment qu’il faut mesurer.

Un bùtiment en bois mal isolé, et les émissions repartent à la hausse pour le chauffer.

Enfin, la derniĂšre et peut-ĂȘtre la moins connue : l’entretien.

Le bois est un matĂ©riau “vivant” qui nĂ©cessite d’ĂȘtre entretenu et traitĂ© rĂ©guliĂšrement (tous les 5 Ă  10 ans) pour lui garantir une durĂ©e de vie maximum. Or aujourd’hui, les produits pour repousser les insectes et les champignons ne sont pas spĂ©cialement Ă©cologiques et sont plutĂŽt onĂ©reux.

💰 Pourquoi investir dans la construction bois ?

Un contexte favorable

Comme le secteur du bĂątiment est un des plus Ă©missifs en France, c’est aussi l’un des plus regardĂ© sur la rĂ©duction de ses Ă©missions.

L’appareil d’Etat s’est mis en route pour pousser Ă  la rĂ©duction des Ă©missions du secteur. Les normes et dĂ©cret le concernant font souvent la une de l’actualitĂ© : RT2012, RE2020, dĂ©cret tertiaire, DPE, interdiction de location des passoires thermiques etc.

Ces efforts normatif et législatif commencent à porter leurs fruits notamment pour les constructions neuves.

Mais le plus grand chantier de France, celui de la rénovation des 5,2 millions de passoires thermiques, reste à la peine.

Si l’on souhaite respecter nos engagements pour rester sous les 1,5 degrĂ© de rĂ©chauffement, le nombre de mises en chantier devrait exploser dans les annĂ©es Ă  venir.

Créant ainsi un appel pour des produits bas-carbone et ou biosourcés.

D’ailleurs le ComitĂ© StratĂ©gique de la FiliĂšre Bois estime que le poids du marchĂ© “entretien-rĂ©novation-amĂ©lioration” pourrait Ă  horizon 2050 atteindre 80% du chiffre d’affaires des entreprises du bĂątiment contre 55% aujourd’hui.

L’utilisation du bois dans la construction est mĂȘme l’un des 64 indicateurs de la planification Ă©cologique en France.

Une restructuration de la filiÚre bois française en cours

Mais si le contexte est favorable, le secteur du bĂątiment ne peut pas agir seul.

C’est bien une multitude de nouvelles filiĂšres industrielles locales qu’il faut crĂ©er afin de rĂ©pondre Ă  la demande en matĂ©riaux bois.

En effet, si la France possĂšde la quatriĂšme plus grande surface forestiĂšre de l’UE, elle continue d’exporter son bois brut et d’importer du bois transformĂ©.

Le ComitĂ© StratĂ©gique de la FiliĂšre bois estimait qu’il faudrait investir 6 milliards d’€ sur 5 ans (2021-2026) pour relocaliser et soutenir les filiĂšres bois (matĂ©riau, fibres, molĂ©cules, Ă©nergie).

De son cÎté, cette année la filiÚre bùtiment dans sa proposition de feuille de route de décarbonation du cycle de vie du bùtiment, en fait un des leviers principaux : changer de standards pour un recours accru à des composants bas-carbone et à des ressources et solutions locales.

Les planùtes s’alignent.

Mais attention à l’effet ciseau

Le bois est de plus en plus sollicité, et pas que pour la construction.

Notre société veut plus de carton pour remplacer le plastique, de bois de chauffage pour remplacer les chaudiÚres fioul ou gaz etc.

Or il y a un Ă©quilibre Ă  trouver entre satisfaire ses diffĂ©rentes demandes et maintenir le rĂŽle environnemental essentiel des forĂȘts françaises.

Surtout quand les consĂ©quences du rĂ©chauffement climatique (sĂ©cheresses, incendies, tempĂȘtes, ravageurs etc) se font dĂ©jĂ  ressentir.

Pour garantir la pĂ©rennitĂ© des forĂȘts, le CSF pousse pour des “actions planifiĂ©es de sylviculture active et de renouvellement forestier”.

Il estime qu’aujourd’hui les mĂ©canismes d’évolution naturels des Ă©cosystĂšmes sont dĂ©passĂ©s par la rapiditĂ© des changements climatiques.

Pour faire simple, il faut adapter en continu nos forĂȘts en prenant en compte nos connaissances :

  • du changement climatique
  • de ses consĂ©quences
  • de la rĂ©silience des diffĂ©rentes espĂšces.

Pas simple quand on hésite encore entre +1,5 et +3 degrés pour 2050.

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💾 Comment investir dans la construction bois ?

MĂȘme si le secteur de la construction va traverser une crise dans les prochaines annĂ©es, je reste optimiste sur le secteur de la construction bois Ă  moyen terme.

Évaluer l’impact environnemental des produits bois, rĂ©industrialiser la filiĂšre localement ou adapter nos forĂȘts face au changement climatique, tout cela nĂ©cessite des fonds.
Il y a donc des opportunités pour un.e investisseur.se souhaitant y contribuer.
En voici quelques-unes :

Acheter un arbre, une forĂȘt ou un groupement forestier

Ici on investit directement (ou indirectement) dans la forĂȘt.

On peut commencer par un seul arbre comme le propose Ecotree ou acheter sa propre forĂȘt (les offres fourmillent sur sociĂ©tĂ© forestiĂšre et surtout sur Leboncoin) et mĂȘme faire part d’un groupement forestier comme c’est le cas avec Cerf Vert ou France Valley.

J’ai rĂ©alisĂ© ici un benchmark des diffĂ©rents investissements en groupement pour les abonnĂ©s premium.

Investir dans un fonds thématique, un ETF ou en action

Deux fonds sont leader sur la filiÚre bois, ils sont tous les deux sur un périmÚtre géographique mondial.

Le premier est un fonds en gestion active : Pictet Timber, j’en avais parlĂ© ici

Le second est un ETF géré par Blackrock : Ishares Global Timber & Forestry

Il est également possible de sélectionner directement les entreprises du secteur dans votre portefeuille comme Stora Enso, SCA ou encore Smurfit Kappa pour citer quelques-unes cotées en euros.

Investir directement dans les entreprises du secteur

C’était le cas de Vestia qui dĂ©veloppe une offre de construction modulaire en partie en bois. Il y a Ă©galement le groupe REALITES qui lance une nouvelle campagne de financement participatif.

Sur le volet données environnementales pour la construction, Carbon Saver propose des royalties sur la plateforme We Do Good.

Je m’attends Ă  ce que ce secteur soit trĂšs dynamique dans les annĂ©es qui arrivent. Comme d’habitude, si je vois une belle opportunitĂ© je vous en parle.


Et voici, c’est la fin de cette Ă©dition Ă  la croisĂ©e des chemins entre immobilier et forĂȘts, entre construction et dĂ©carbonation.

đŸ™‹â€â™‚ïž
Et toi, est-ce que tu as aimé cette édition ?
Pas Vraiment | Un peu | PlutĂŽt | Beaucoup | ÉnormĂ©ment

On se retrouve la semaine prochaine pour une nouvelle Ă©dition.

PS : Toutes les éditions précédentes sont dispos ici. Elles sont rangées par grand thÚme pour que tu puisses t'y retrouver facilement.

👋
GaĂ«l 🌳

⚠
Et pour finir :
Je voudrais te rappeler qu’ici tu ne trouveras pas de conseils d'investissement ni de recommandations personnalisĂ©es. Ces informations sont impersonnelles, uniquement Ă  but informatif et pĂ©dagogique et ne sont pas adaptĂ©es aux besoins d'investissement d'une personne spĂ©cifique.

Tu dois aussi garder en tĂȘte qu’investir dans des actifs cotĂ©s ou non cotĂ©s comporte un risque de perte partielle ou totale des montants investis ainsi qu'un risque d'illiquiditĂ©.

Et enfin, le traitement fiscal d’un investissement dĂ©pend de la situation individuelle de chacun. Souviens-toi que les performances passĂ©es ne prĂ©jugent pas des performances futures.